Dangereuse nourriture (Première Partie)

Neyall - Copie

Prologue

Louice, était accroupit aux dessus d’un homme étendu à même le sol, dans une sombre ruelle. Il avait des pupilles marrons, éclaboussées de tâches jaunes, et il passait négligemment sa main, maculée de sang, dans ces cheveux courts bruns, et hérissés sur sa tête ; leur donnant une légère teinte carmin ajoutant au côté flamboyant que des reflets cuivrés lui procuraient. Le vieux lampadaire de la rue qui ne cessait de s’éteindre et de se rallumer rendait la moment un peu plus glauque et que si ça avait été une simple scène de meurtre. Mais ce n’était pas pour déplaire à Démetria qui aimait se faire entourer par ce manteau de lugubre obscurité.

Tapie là, dans ce petite coin noir, elle effectuait sa première rencontre avec lui. C’était la première fois qu’elle le vis vu à l’œuvre, la première fois que ces petites mains aux taches de rousseur presque invisibles s’étaient affairées dans toute cette hémoglobine encore fraîche et rougeoyante.

Et c’était aussi à ce moment précis, qu’elle avait su ; su ce qu’elle était, et même mieux ; su qui elle allait inévitablement devenir.

Premier chapitre

Il parait qu’à ma naissance, on m’a mise sous couveuse pendant plusieurs mois parce que je refusais de m’alimenter, régurgitant systématiquement le lait qu’on me donnait. Comme une sorte de mécanisme interne qui m’empêchait d’assimiler la nourriture dans mon corps.

J’avais donc été nourrie par perfusion, et bien que je continuais régulièrement à rendre, comme si j’avais été une femme enceinte qui se retrouvait prise de nausées à toute heure de la journée, ma santé n’était pas en danger puisque je me développais normalement. Les médecins bien que septique quand à ce miracle de la vie qui me faisait justement vivre, avaient décidés, non sans mal, de me sortir de cette boite en verre qui était censé me préservé du monde extérieur.

Ma mère était morte en couche, faisant de moi, une petite orpheline. Je ne connaissais d’elle que très peu de choses, toutes colportées par certaines conversations que j’avais entendues au détour d’un couloir.

Pour mon père, c’était un peu plus compliqué puisque je détenais encore moins d’information sur lui que je n’en avais sur ma mère.

Dans ma tête mon père était un dealeur, ou un pauvre type mort dans un caniveau suite à un règlement de compte, ou à une overdose. Enfin, c’est surtout ce que j’en déduisais par rapports aux rumeurs et aux chuchotements un peu trop indiscrets que j’avais surpris, concernant la vie et les fréquentations de ma mère.

En tant que pupille de la nation, j’avais été placé dans un orphelinat.

Enfin, orphelinat est un bien grand mot pour l’endroit où j’ai passé mes 14 premières années.

On aurait plutôt dis un vieux taudis tout délabré, bon à garder des junkies ou des SDF.

Mais c’était ma maison, presque la seule vraie maison que je n’ai jamais eu d’ailleurs.

Deuxième chapitre

Résumons la situation.

Je me trouve dans une morgue, à cheval au-dessus d’un corps rangé dans un de ces tiroirs réfrigérés, et je suis en train de sucer un bout de côte, prélevée sur le dit cadavre que mon fessier occupe, la bouche barbouillée de sang coagulé, les yeux grands ouvert tels deux orbites géantes, fixées sur l’encadrement d’une porte, dans lequel se trouve un homme en blouse verte pâle, qui, lui aussi arbore le même genre de regard de merlan frit.

Et merde.

On peut donc en déduire que je suis dans de beau draps.

C’est ce jour-là que j’ai commis mon premier meurtre.

Je ne voyais de toute façon pas bien comment j’aurais pu expliquer la situation à qui que ce soit, sans écoper de la mention ‘’cette fille est tarée, enfermez là ou condamnez là à mort pour violation de corps trépassés’’

J’avais donc réagis dans les dix secondes, et m’étais jeté sur ce pauvre médecin, lui sectionnant la jugulaire avec mes dents qui étaient, à force de déchiquetage de corps intensif, conditionnées pour ça. Un jet de sang m’avait éclaboussé au visage, se mélangeant à celui du mort que j’avais ingéré quelques minutes auparavant.

Un beau tableau de film d’horreur, qui avait été pour moi le premier d’une longue liste.

J’avais tout de même, tant bien que mal essayé de savourer ma victoire dans cette mission de nutrition, alors que je n’étais encore qu’une fillette de dix ans.