‘‘Beth, je crois que je vais quitter Lucas’’
‘‘Pardon ?’’ Dis-je à Ethan avec de gros yeux.
Nous étions assis sur un banc en face de chez lui. Il fumait une cigarette. Ses parents n’acceptant pas qu’il ‘‘intoxique la maison avec cette saloprie’’ (de leur propres mots), nous étions obligés de sortir pour qu’il ait sa dose de nicotine.
‘‘Je vais quitter Lucas’’ Me répéta-t-il sur un ton détaché.
‘‘Mais tu peux pas faire ça !’’ M’exclamais-je avec panique.
‘‘Pourquoi pas ?’’ Répondit-il toujours sur le même ton.
‘‘Il est éperdument amoureux de toi’’ Lui fis-je remarqué avec dureté.
‘‘Justement tu me connais Bethy, les gens qui me collent, je n’aime pas ça’’ Essaya-t-il de se justifier.
‘‘Ça fait à peine deux mois que vous avez officialisez le truc, et toi tu veux tout envoyer balader ? Je suis sûre que c’est juste parce que tu as la trouille, et que pour une fois quelqu’un te plait vraiment, quelqu’un avec qui ça peut durer’’
Il ne répondit rien se contentant juste d’écraser sa cigarette par terre.
Puis il me regarda tout en me disant : ‘‘Rentrons, j’ai besoin d’un câlin au chaud’’
Nous rentrâmes donc dans sa maison, nous installant dans sa chambre, sur son lit, pour s’enlacer.
Je savais que quelque chose le tracassait, mais qu’il peinait à me le dire. Je n’allais certainement pas le forcer, Ethan pouvait quand il le décidait, rester muet comme une carpe.
Il était collé dans mes bras, la tête posée sur ma poitrine, sa respiration irrégulière.
Signe avant-coureur du fait qu’il s’apprêtait à me dire la chose en question qui le préoccupait.
‘‘J’ai l’impression que je te délaisse’’ Souffla-t-il au bout d’un temps que j’aurais qualifié d’une éternité.
Je restais Alerte.
‘‘Me délaisser ?’’ Répétais-je sans vraiment comprendre.
‘‘Oui, comprend moi, Lucas et moi, c’est quelque chose de tout nouveau pour moi. Et j’ai le sentiment de passer de moins en moins de temps avec toi, à cause de ça. Et ça, ça me fait carrément psychoter’’
C’est vrai que depuis cette histoire, nous n’étions plus aussi souvent ensemble, mais rien de très alarmant en soit.
Disons qu’en quantité, ça équivaudrait à 80% de notre temps ensemble, au lieu de 95%. Eux aussi avait le droit à des moments seul rien que tous les deux, quoi de plus normal quand on est un couple.
‘‘Ethan’’ Commençais-je doucement dans le but de lui exposer la réalité sous les yeux ‘‘Tu as un petit ami maintenant, un vrai. C’est normal que l’on passe un tout petit moins de temps ensemble. Mais c’est minime, et ça ne me dérange absolument pas. Et puis, je sais qu’il s’occupe bien de toi lorsque tu es avec’’ Rajoutais-je en dernier mot avec un petit ton taquin.
Je le sentis un peu se tortiller contre moi. Il était gêné. Il y avait autre chose que juste cette histoire de temps.
Au bout de dix minutes sans parler, voyant qu’il ne se décidait pas à me dire le fin mot de cette histoire, j’entrepris de lui papouiller doucement ses courts cheveux couleur caramel. Ce qui eut pour effet de le détendre un peu.
‘‘Ce qui me gêne, c’est que toi tu n’ais personne’’ Finit-il par avouer.
Je grimaçais un peu.
‘‘C’est vrai quoi’’ Commença-t-il en se relevant afin de pouvoir me regarder dans les yeux ‘‘D’habitude on fait tout ensemble, et là j’ai en quelque sorte mon premier vrai petit copain auquel je tiens, et toi, et bien, tu es seule’’
‘‘Mais je t’ai toi’’ Lui répliquais-je.
‘‘Oui mais moi je n’ai pas que toi, et je ne peux pas te consacrer tout mon temps’’ Débitât-il dans une phrase rapide.
‘‘Ethan, je ne te demande pas de me consacrer tout ton temps, tu le sais bien. Je ne comprends vraiment pas pourquoi ça te met dans des états pareils, tu as le droit d’avoir une vie en dehors de nous non ?’’
‘‘J’ai peut être le droit, mais je n’en ai pas l’envie’’ Me confia-t-il dans un murmure en baissant les yeux.
Je le serais contre moi dans un élan de tendresse, comme j’en avais souvent envers lui.
‘‘De quoi tu as peur exactement’’ Lui demandais-je, le sentant encore plus tendu que tout à l’heure.
‘‘Je ne sais pas trop, peut être qu’on ne soit plus amis comme avant’’ Dit-il avec une voix de petit enfant.
‘‘Ethan, on se connaît depuis toujours, et on a toujours été proche non ? C’est pas aujourd’hui que ça va changer. On grandit juste un peu, mais tout restera intact entre nous’’ C’était un discours cliché, il fallait l’avouer. Mais je voulais le rassurer, et surtout, c’était la pure vérité. Pour rien au monde je n’aurais changé ce rapport qui nous liait.
‘‘J’ai peur que Lucas ne veuille plus de cette relation si particulière que j’entretien avec toi’’ Dit-il soudainement coupant cours aux autres réflexions.
Je me figeais. Voilà ce qu’il voulait réellement me dire depuis tout à l’heure.
Je ne m’étais pas une seule seconde imaginé ce scénario. Pour moi Ethan et moi, ça me paraissait naturel. Tous les deux, nous pouvions faire tous ce que nous avions envie chacun l’un l’autre, et chacun l’un avec l’autre. Personne n’avait le droit de nous interdire ça. C’était quelque chose d’innée, c’était nous.
Je demandais avec appréhension ‘‘Il… Il t’en a parlé ?’’
‘‘Non’’ Il rajouta après un petit temps de pause ‘‘Pas encore’’
‘‘Et toi, tu as essayé d’aborder le sujet ? Tu sais pourtant qu’on s’entend bien avec Lucas non ? Pourquoi voudrait-il une chose pareille ?’’
J’essayais de me rationaliser. Lucas n’était pas comme ça n’est-ce pas ? Il était différent de tous les autres, un peu comme moi et Ethan, je le sentais. Sinon pourquoi Ethan serait encore avec.
‘‘Peut être pour m’avoir que pour lui’’ chuchotât-il si bas que j’eu du mal à l’entendre.
‘‘Ethan, avant de te faire des films, parle lui en. Et puis je doute que ce soit son but de t’avoir pour lui tout seul, si je me souviens bien il n’est pas très très fidèle si ?’’
Lucas était ce que l’on peut appeler ‘‘volage’’. Ça aurait été un comble qu’il demande une fidélité sans borne à son partenaire en connaissant son propre penchant pour les relations extraconjugales.
‘‘Non c’est vrai, mais j’ai tellement peur pour nous deux Beth’’ siffla-t-il en me resserrant contre lui.
‘‘Allez, arrête de t’en faire comme ça’’ Le rassurais-je avec des douces caresses ‘‘On lui en parlera tous les deux demain’’
Il acquiesça en glissant sa tête dans mon coup pour me couvrir de baisers désespérés.
Lucas et moi étions plutôt en de bons thermes. Nous étions souvent ensemble, même si les fois où nous retrouvions seuls n’étaient que très rares, et pour cause, Ethan était tout le temps avec nous. Mais j’aimais ça. Ce qui me plaisait surtout, c’était de passer du temps avec eux deux. D’autant plus que Lucas était gentil, blagueur, beau gosse, et très intéressant. Il s’accordait parfaitement avec Ethan qui était assez détaché, réservé, calme, et taquin sur les bords.
De temps en temps, nous faisions l’amour tous les trois, juste par envie et de temps en temps, juste moi et Ethan. Et je n’ai jamais pensé que ça aurait pu déranger Lucas. Ethan de ce qu’il me disait il y a quelques minutes, si.
Ethan finit par passer la nuit chez moi, nous remémorant nos plus beaux souvenirs d’enfance. Ceux passés rien que tous les deux.
Le lendemain, nous avions décidé de passer l’après-midi tous les trois.
Chez Lucas pour une fois.
Ses parents étaient plus laxistes que nos parents respectifs, mais il n’aimait pas nous emmener chez lui. Sans doute parce qu’il habitait dans l’un des quartiers qui craignait le plus de notre ville et que sa maison n’était pas vraiment ce que l’on peut appeler bien tenue. Heureusement sa chambre était dans un tout autre cadre, rangée au millimètre près, et ordonnée. Contraste fulgurent avec le reste de la demeure.
Je savais que c’était aujourd’hui qu’il fallait que nous lui parlions, mais j’appréhendais un peu.
Et si Ethan avais raison ? Comment faire ? Je sais qu’il s’est attaché à Lucas, et que sa relation est devenue importante pour lui, mais je sais aussi qu’il préférera être malheureux comme les pierres plutôt que de perdre notre lien.
Pour l’instant, c’est tous les trois, allongés sur le lit de notre ami que nous discutons tranquillement du dernier film que nous avons vu ensemble.
J’ai une boule au ventre de plus en plus présente. Je n’ai tellement pas envie de casser cette idylle dans laquelle je me suis enfermé depuis tant de temps.
Je m’allonge sur le lit alors qu’eux sont toujours assis en train de discuter avec animation.
Soudain, au bout de quelques minutes je n’entends plus leurs voix.
Je tourne mon regard vers eux.
Ils sont tous les deux en train de me regarder avec étonnement. Je comprends vite qu’ils ont dû me parler mais que je n’ai pas entendu, trop absorbée par mes pensées.
‘‘Vous disiez ?’’ Leur demandais-je innocemment ?
‘‘Nous te demandions si tu voulais aller faire un petit tour dehors’’ Répétât Lucas calmement.
‘‘Mais vous êtes fou, on est fin janvier, il fait deux degrés dehors, moi je n’ai pas envie de me geler’’ Leur dis-je avec horreur ‘‘Pour une fois qu’on n’est pas obligé de sortir pour qu’Ethan fume’’ Ajoutais-je.
Ils rigolèrent tous les deux face à ma mine déterminée.
‘‘D’ailleurs il fallait qu’on te parle d’un truc’’ Annonçais-je en prenant mon courage à deux mains.
J’osais un regard hésitant vers Ethan qui baissa d’emblée les yeux. Lui aussi avait peur.
‘‘Est-ce que je gêne ton couple avec Ethan ?’’ Me jetais-je à l’eau.
Il me regarda avec ébahissement sans trop bien comprendre.
‘‘Que tu gênes mon couple ?’’ Demanda-t-il incrédule.
Il se tourna vers son petit ami sans doute dans l’espoir que celui-ci l’éclaire. Mais il se borna à baisser la tête en restant muet.
Lucas dû sentir que quelque chose clochait, car je vis son expression changer et son visage se décomposer.
Il débitât soudainement avec panique en étant toujours dirigé vers Ethan : ‘‘Tu veux me quitter, c’est ça ?’’
Ce qui eut pour effet de faire relever la tête de celui-ci et de lui articuler un ‘‘Non je ne veux pas te quitter’’ fort et clair.
‘‘Je ne comprends pas, que ce passe-t-il alors, on n’est pas bien tous les trois, pour que toi Beth tu me demandes si je te gêne ?’’
Je me tortillais mal à l’aise en fixant Ethan qui, je le savais, se bornerait à ne rien dire et à tout me laisser expliquer.
‘‘Non je ne crois pas que tu ais compris Lucas’’ Je fis un pause.
J’en profitais pour me rapprocher de lui.
‘‘Hier Ethan était assez paniqué à l’idée que TOI tu ne veuille pas de moi’’ Reprenais-je en espérant éclairer un peu plus sa lanterne ‘‘Ce ne serait pas toi qui me gênerais, mais plus moi qui te gênerais’’ Concluais-je, voyant bien que son air perdu persistait à rester sur son beau visage.
‘‘Mais, pourquoi je ne voudrais pas de toi’’ Me demanda-t-il toujours aussi anxieux.
‘‘Peut être pare ce que tu veux être seul avec moi’’ Murmurant Ethan sortant un peu de son mutisme.
‘‘Mais je suis déjà seul avec toi non ? On a des moments tous les deux, pourquoi ça ne me conviendrait pas ?’’ Lui dit Lucas.
‘‘Peut être parce que ce n’est pas ce qu’on attend d’un couple’’ bredouilla Ethan.
‘‘On s’en fou ce qu’on attend d’un couple, moi ce qui me plait c’est ce qu’on est aujourd’hui, et sans Beth, on se serait pas ce qu’on est’’
Un grand sourire ornait mon visage, Ethan c’était juste fait des idées, et s’il c’était fait un tel film de tout ça, c’est qu’il devait vraiment énormément tenir à Lucas, il n’y avait plus de doutes là-dessus.
‘‘Comment vous avez pu croire que je ne voulais plus de toi Beth’’ Continua Lucas sur sa lancée ‘‘Je savais à quoi je m’engageais si je commençais une relation avec Ethan, je ne pense pas que vous remémorer notre délicieuse rencontre soit nécessaire pour vous le prouver. Tu penses bien que si je suis là ici avec vous deux, c’est parce que j’en ai envie, le jour où cette relation ne me correspond plus, si elle ne me correspond plus, je le dirais de suite’’
‘‘Bon, j’ai l’impression que maintenant c’est clair’’ Dis-je avec ce sourire toujours présent, étant rassurée ‘‘Tu es tranquillisé Ethan ?’’ Demandais-je tout de même par acquis de conscience.
‘‘Hum, un peu’’ Se contenta-t-il de répondre.
‘‘Ethan sérieux’’ Commença Lucas ‘‘ Je ne veux pas que tu t’éloignes de Beth à cause de moi, je veux que cette relation reste telle qu’elle est. Et puis, j’aurai un sacré culot de te demander de ne plus être proche de Beth si on pense à tous les mecs avec qui je fricote, tu ne crois pas ?’’
Ha, je savais que j’avais raison, et surtout par rapport à ça.
‘‘Tu vois Ethan, pas de quoi en faire une montagne, et de te prendre la tête comme ça’’ Commentais-je.
Nous nous rapprochâmes tous les deux de mon meilleur ami pour l’étreindre presque amoureusement.
Maintenant, nous étions trois et non plus deux. Et c’est le plus beau cadeau que j’aurais pu espérer.
Après cet épisode, rien ne changea vraiment. Si ce n’est que Lucas devenait de plus en plus présent.
A trois, nos journées étaient bien plus remplies. Nous avions plus de choses à nous dire, plus de choses à faire, tout quasiment était plus. Ethan aussi était de plus en plus proche de lui, et j’étais de ce fait, convaincue qu’il avait trouvé l’amour. Lucas ne faisait que de s’en réjouir. Une fois dans ses bras, il me faisait penser à un chat en train de ronronner sous des caresses. Ils étaient absolument adorables.
Au lycée, c’était toujours un peu la même chose, mais les gens ne se retournaient plus sur leur passage quand entre deux cours ils se croisaient et s’embrassaient, et j’en étais heureuse. Je savais tout à fait que le fait d’avoir officialisé la situation au lycée le mettait mal à l’aise, d’où le fait qu’il ne passait que peu de temps en la présence de Lucas une fois dans l’établissement.
Pourtant, un samedi soir, je retrouvais Ethan, devant ma porte d’entrée, en pleurs silencieux.
‘‘Ethan’’ M’étais écrié avec horreur.
Il avait le teint blafard, et de grosses larmes s’échappaient de ses yeux rougis. Je le prenais immédiatement dans mes bras, lui enfouissant son visage dans ma poitrine.
Je ne tardais pas à le faire rentrer pour l’allonger dans mon lit dans une longue étreinte.
Comme d’habitude, je me contentais de le réconforter avec des gestes, des caresses, et des baisers. Forcer Ethan a parler n’avait jamais marché, et quand bien même ses jours-ci les choses avaient un peu changé avec Lucas, je savais que ça ne marcherait toujours pas.
Je m’inquiétais tout de même au plus haut point, ce n’était absolument pas dans les habitudes d’Ethan de pleurer. Son attitude j’men foutiste ne le permettait pas.
Je passais ma main dans ses cheveux doux comme s’ils avaient été ceux d’un bébé.
Le temps me paraissait ralentir.
Je me décidais à lui délier un peu la langue en posant des questions subtilement liées à ses pleurs, qui soit dit en passant, ne se tarissaient toujours pas.
‘‘Tu as vu Lucas aujourd’hui’’ Lui demandais-je.
Il ne fit que hocher négativement la tête.
Bon un bon plan, peut être que ses pleurs n’étaient pas en rapport avec lui.
‘‘Tu veux que je l’appel pour qu’il vienne ?’’
Il hocha la tête dans le même sens que pour ma précédente question.
J’ai peut être pensé un peu trop vite alors.
‘‘Il y a un rapport avec lui ?’’
Même chansonnette.
Je continuais donc mes questions pendant plusieurs minutes, sans pour autant trouver la raison de son mal-être.
Une fois à cours d’argument, et un silence qui s’éternisait depuis une bonne heure, toujours installé dans la même position, le bras engourdis par son poids trop lourd, Ethan parla.
Pour pas grand-chose juste : ‘‘Je peux dormir avec toi ?’’
Je m’offusquais. ‘‘T’as même pas besoin de poser la question tête de linotte ! Mais apprête toi à essuyer un ouragan demain matin, ‘‘cher papa’’ rentre, et je ne sais pas à quelle heure, alors il se peut qu’il soit la avant que tu repartes demain matin’’
Pourtant, il ne bougea pas de mes bras et s’endormi, comme si Morphée avait prit son corps en quelques minutes à peine.
Lorsque le lendemain nous nous réveillâmes, nos corps criaient famine.
Ethan était redevenu normal lorsque nous descendîmes pour manger notre petit déjeuné.
Je jurais un ‘‘Et merde’’ discret.
Mon père était assis à la table. Avec son air sévère, ses cheveux cours, gominés et bien coiffé à l’américaine.
Mon paternel est flic. Flic infiltré. C’est lui qui fait tout le sale boulot et qui se fait passer pour un gangster pour pouvoir coffrer les méchants. Et pour la peine, il est remplis de moral et de principes ; qui sont à peu près tous à gerber. D’accord il fait régner l’ordre, défend les victimes, et tout le tintouin, mais à côté de ça, il est tellement bourré de règles, et de non-dit, qu’il en devient infect. Entre nous ce n’est pas vraiment l’amour fou. Mais on fait un peu comme si de rien n’était. Un genre de comédie orchestrée qui dure depuis presque toujours.
Je ne dis pas que je le déteste, c’est mon père tout de même, et petite, j’aimais passer du temps avec lui, pour l’aider à réparer sa moto, ou le voir couper du bois, mais les temps changent, les mentalités et les points de vue aussi. Et il se trouve que sur la mentalité et le point du vue, moi et lui, on est plus du tout en accord.
Par exemple, pour lui, Ethan n’a rien à faire ici. Notre relation n’est pas saine, quand on sait que mon ami fréquente des hommes…
Et oui, les valeurs conservatrices qu’il a hérité de son regretté père Américain, resté après la guerre en France pour ma charmante grand-mère ne se sont pas estompées avec le temps.
De ce fait, l’homophobie reste un de ses petits pêchés, et pour lui ces gens sont un genre d’aberration de la nature. Autant vous dire qu’il tire souvent la gueule quand il me voit descendre au petit matin accompagné d’Ethan.
Heureusement pour moi, en tant que flic de terrain, il n’est pas trop souvent à la maison, et je me débrouille pour que les jours où c’est le cas, me carapater discrètos.
‘‘Beth, comment vas-tu ?’’ M’accueilli-t-il avant même que je ne franchisse la porte de la cuisine.
Il releva la tête te fronça les sourcils.
‘‘Ho je vois qu’Ethan est avec toi’’
‘‘Papa s’il te plait, pas maintenant’’ Le mettais-je en garde ‘‘On a vraiment eu une soirée affreuse, et ce n’est pas le moment’’
Il grogna et me jeta un regard noir avant de dire sur un ton abjecte ‘‘Mais enfin ma petit princesse, je ne vois pas de quoi tu parles, je n’allais rien faire voyons. Et puis, question soirée affreuse, je pense que tu n’es pas si mal logé que ça ici. Sans compter que tes petits problèmes d’ado minable ne m’intéressent aucunement’’
Je ne remarquais que maintenant que ma mère n’était pas dans les parages, ce qui expliquait le comportement et les propos si ouvert de la part de mon père.
Quand le chat n’est pas les souris dansent n’est-ce pas ? Et bien moi je dirais plutôt quand la matriarche n’est pas là, les rejetons s’entretuent.
‘‘On ne reste pas’’ L’avertis-je ‘‘On va directement aller chez Ethan’’
Ethan lui, comme à son habitude ne pipait mot.
Il avait souvent eu le droit à ce genre de scène ou la tension palpable mettait tout le monde mal à l’aise, et bien qu’au début il ait essayé de s’interposer, il avait bien vite compris que ça ne servait en général à rien. En particulier depuis que mon père l’avais menacé de lui couper ses couilles de folasse s’il lui adressait encore une seule fois la parole.
Lorsque ma mère est là, nous nous comportons bien entendu de manière plus civilisé, bien que présentement, nous sommes dans le calme avant la tempête.
Je ne me risquais même pas à prendre un petit truc à manger et tirais Ethan avec moi afin de remonter chercher des affaires pour me faire un sac.
Ethan savait que j’allais devoir passer les prochains jours chez lui.
Je ferais bonne figure en trouvant une excuse quelconque à ma mère, bien que je soupçonnais de faire semblant de croire à mes mensonges, juste pour se voiler la face quant à la haine que nous nous vouons mon père et moi.
Après tout, une famille désunie est un déshonneur. Ah oui, j’ai sans doute oublié de précisé que ma mère est nippone. Elevé en France depuis ses quatre ans pour le travail de son père qui était ambassadeur, elle n’en garde pas moins des valeurs japonaises, elles aussi très ancré. C’est à se demander si elle et mon père n’avaient pas été désignés depuis leur naissance, pour finir ensemble. Tous deux aussi faut, rigides et froids l’un que l’autre.
Souvent, je me dis que si je suis différente d’eux, c’est parce que j’ai tellement détesté mon enfance remplis de leur préceptes et de leur règles toutes plus intolérantes et stupides les unes que les autres, que mon esprit s’est inconsciemment mit à vouloir faire l’exacte inverse de ce qu’ils attendaient de moi.
Etant fille unique, ça les gêne un peu, mais bon, ma mère ne voulais pas d’autre enfant sous prétexte que dans la tradition, un seul enfant, c’est mieux que plusieurs. Enfin, j’imagine que si j’avais eu un frère ou une sœur, je l’aurais emmené dans mon sillage et que j’en aurais fait un rebelle de l’autorité comme moi.
Une fois mon sac préparé et mes affaires empaquetées, nous nous éclipsâmes en silence lui et moi.
Pas de au revoir à mon père, ni à ma mère qui devait encore dormir vu l’heure matinale. De toute façon, c’était toujours de cette manière que ça se passait. Mon père rentrait, après des semaines d’absence de silence radio, ils faisaient l’amour toute la nuit ou toute la journée, et ma mère dormait pendant au moins quinze heures.
Au moins on pouvait dire que lorsqu’ils se retrouvaient la flamme brûlait toujours entre eux. C’était juste un peu trop gênant et assez répugnant pour moi. M’enfin, pour quel enfant ça n’aurait pas été le cas, savoir que la raison pour laquelle ses deux parents ne sortent pas de leur chambre pendant plusieurs heures est leurs parties de jambes en l’air n’est jamais agréable et donne souvent des images mentales dont on aimerait se passer. Sans parler des bruits qui s’échappent de la dite chambre lorsqu’on s’en approche un peu trop.
Bref, rester dans les parages lors de ces retrouvailles n’est jamais une bonne idée pour ma santé mentale.
Comme aucuns de nous deux n’avaient encore de voiture, nous devions faire l’allé en bus, avec mon gros sac encombrant (j’avais prévu pour au moins une semaine pour ne pas avoir à repasser tant que mon père était là) et tous les aléas des transports en commun.
Les transports en commun ne me gênent pas en général, comme je suis de nature tactile, la foule et le fait de me retrouver enserrer entre une masse de corps ne me dérange pas, je trouve d’ailleurs ça plutôt excitant, se demander à chaque instant si cette main que l’on a senti nous effleurer était intentionnelle ou non, si cette personne se colle contre votre corps le fait exprès, ou s’il pourrait un peu se dégager. C’est comme un genre de jeux de séduction qui n’en serait pas vraiment un, et qui n’aurait aucune règles à respecter.
Ethan lui, est plus du genre à ne pas trop aimer ça, mais comme toujours, si une personne le bousculera ou le gênera, il ne dira rien. Au pire il lui jettera un de ses regards noirs, mais sans plus. Il n’a jamais été du genre à chercher la bagarre ou à emmerder les autres, être discret c’est comme une seconde nature chez lui.
Arrivé chez lui, nous mangeâmes un petit déjeuné de roi. Les parents d’Ethan était au courant de mon problème avec mon père et ne rechignait plus à m’accueillir pendant quelque temps lorsque celui-ci pointait le bout de son nez chez moi.
Les géniteurs d’Ethan n’étaient pas moins sévère que les miens, mais je les préférais, sans doute parce que je m’entendais avec eux, et non avec mes parents à moi.
‘‘Hé petite brune, tu viens en vacance à la maison alors ?’’ M’accosta Jarvis l’un des grands frères d’Ethan.
‘‘Ouais, dommage que tu ais cours la semaine, si j’ai bien compris mon père va pas repartir avant au moins une ou deux semaines alors je squatte ton chez toi’’ Lui répondis-je avec un grand sourire.
Jarvis à vingt-deux ans, et est dans une école de commerce. Il n’est donc à la maison que le week-end et occupe un petit appartement dans la ville d’à côté pour être plus proche de son lieu d’études.
C’est lui qui nous emmène dans ses fêtes étudiantes, nous nous entendons donc relativement bien.
‘‘Et bien pas de chance pour toi ma belle, je reste toute la semaine moi aussi, vacance oblige’’ Me dit-il avec un clin d’œil.
Je lui servais un autre grand sourire.
‘‘Et toit petit tête’’ Dit-il en ébouriffant les cheveux de mon meilleur ami ‘‘C’est quand que tu nous le présente ton grand amour ?’’
La mère d’Ethan présente dans la pièce en train de déjà préparer le repas, se retourna ‘‘Quoi mon chéri, tu as quelqu’un dans ta vie ? C’est formidable, j’aime te savoir entouré et avec une personne proche de toi pour traverser les épreuves’’
Ethan lança ce fameux regard de tueur à son frère et se racla la gorge ‘‘ Mais non maman, Jarvis dit ça pour m’embêter’’
Jarvis à côté s’écroulait de rire.
Leur mère soupira et leur fit ce regard sévère qu’ont chaque mères lorsque leurs enfants se taquinent, puis retourna à sa cuisine, mais continua sans doute de nous écouter d’une oreille.
Ethan murmura à l’intention de Jarvis un petit ‘‘Mais tu ne peux pas te taire toi ? Et puis Lucas n’est pas mon grand amour’’
Ce fut mon tour de m’esclaffer, puis de recevoir se regard noir ‘‘Surtout m’aide pas Beth’’
‘‘Désolé j’ai pas pu m’en empêcher’’ M’excusais-je.
‘‘Mouais, bon allait on monte’’ Me dit-il en m’arrachant à mes tartines de confitures sans même que je les ai finies.
‘‘Attendez moi les jeunes’’ Nous lança Jarvis ‘‘Je viens m’incruster dans votre chambre, j’ai pas vu mon frangin du week-end, il faut bien qu’il me raconte ses aventures de la semaine’’
Jarvis était comme ça, attendant des genres de rapport de ma part ou de celle de son frère tous les week-ends. Un peu comme un deuxième parent, mais en un carrément plus cool.
En montant les escaliers, je demandais à Ethan où il avait passé son week-end pour que ni moi ni son frère ne l’ait vu. Mais il éluda ma question d’un revers de main.
Une fois installé dans sa chambre, nous deux sur son lit, Jarvis étalé sur un énorme pouf rempli de billes de polystyrène, le grand frère se mit à jacasser comme une fille.
‘‘Tu sais que t’as encore jamais ramené Lucas à la maison alors que maintenant ça fait un bail que t’es avec ?’’ Questionna-t-il Ethan.
‘‘Oui je sais c’est bon, mais je ne vois pas pourquoi je devrais le ramener à la maison ?’’
‘‘Bah parce que c’est ton mec pardi !’’ Réplica-t-il au tac au tac ‘‘Et puis tu as quasiment des étoiles dans les yeux à chaque fois que tu l’évoque, alors bon, ça serait cool de le voir à la maison un de ses quatre’’
‘‘Mais il est déjà venu à la maison, arrête de m’emmerder avec ça’’
‘‘Rho, fais pas comme si tu comprenais pas, je veux dire venir à la maison et nous le présenter, pas juste pour que tu t’envoies en l’air avec !’’
Ethan bougonna.
‘‘Arrête Jarvis’’ Lui dis-je ‘‘Il le ramènera à la maison quand il sera près, il a le temps’’
Ethan se leva soudainement et sortit en criant presque ‘‘Maintenant c’est bon, vous allez arrêter de me souler. Je me tire je vais voir Lucas, lui au moins m’emmerdera pas’’
Nous le laissâmes partir ébahit de sa réaction. Ethan ne s’énervait jamais, et encore moins contre moi ou son frère.
‘‘Bah c’est quoi cette réaction ?’’ Me questionna Jarvis après coup.
‘‘Je sais pas. Mais il est bizarre en ce moment. Ça fait quelque temps qu’il s’irrite ou s’apeure pour un rien. Hier je l’ai même retrouvé en pleur devant la porte de ma maison, et il n’a rien voulu me dire. Tu connais ton frère, c’est pas du genre à pleurer. Et aujourd’hui, paf plus rien, comme si l’épisode larme d’hier soir n’avait jamais existé. Et tu sais comment il est, impossible de lui tirer les vers du nez, s’il a décidé de ne pas nous en parler, on y pourra rien’’
Jarvis acquiesça à ma dernière phrase.
Nous en conclûmes que quelque chose clochait chez Ethan.
Mais quoi ?
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Voilà pour cette deuxième partie. Vous trouvez comment? Vous sentez qu’un truc majeur va arriver? Si non, j’ai vendu la mèche^^
Sur l’image de fin de je vous présente Ethan. Enfin une représentation que l’on peut lui donner 😉
J’ai une question, pour ceux qui lisent mes histoires, laquelle vous plait le plus?
J’avoue qu’en ce moment j’ai du mal à être motivé parce que je n’ai pas des masses de lecteur, mais bon je tien bon, juste pour le plaisir d’écrire tout ce qui passe dans la tête et de me mettre sur papier tout ce que mon imagination réclame de créer!
le mois prochain Ces grain de Café, avec un Nahel encore plus en forme que dans les autres chapitres! Accrochez-vous, il y a moyen que je vous fasse certaines révélation à son sujet 😉